« Il ne faut plus négliger les douleurs de règles » (La Nouvelle République) 08/07/2020

Publié le | Mis à jour le 

 

La douleur : l’idée revient dès qu’on parle de l’endométriose. « C’est ce qu’il ne faut surtout pas omettre, martèle Anthony Weber, sage-femme échographiste. Et ce, qu’on soit malade ou pas. Il ne faut plus négliger les douleurs de règles. » Dans le cabinet où il travaille, à Châteauroux, il n’est pas rare qu’il accueille des femmes qui en souffrent sans le savoir.
« Il y a des symptômes identifiés et d’autres, beaucoup moins. La douleur pendant les règles et le risque d’infertilité, c’est connu. Mais l’endométriose a d’autres impacts : ballonnements, diarrhées, irradiation dans les jambes… Et les douleurs pendant les rapports sexuels. C’est totalement négligé. Les femmes pensent que c’est leur faute, d’une façon ou d’une autre… » Le problème : « L’endométriose est une maladie évolutive, avec un pic autour de 40 ans. En sachant que de nombreux symptômes sont ignorés, non-dits… C’est difficile de connaître les chiffres, mais je parie que c’est plus fréquent qu’une femme sur dix. »
Il faut alors amener le sujet et proposer de les dépister. « Nous faisons d’abord une échographie, qui permet d’éliminer les autres maladies possibles. » Ensuite, il les oriente pour un IRM pour un diagnostic plus complet. « Il est ensuite possible de prescrire une contraception progestative orale ou un DIU hormonal » en guise de traitement, pour contrer la douleur. Mais les adhérences, les lésions et les kystes sont toujours là. Reste l’opération chirurgicale pour les enlever. Mais Anthony Weber déconseille de se faire enlever l’utérus, « on risque une descente d’organe ».
Quant au parcours d’Amandine (lire ci-dessus), son avis rejoint celui de Sandrine Bailly, de l’association EndoFrance : « C’est de la violence médicale et ce n’est pas déontologique. » Nous avons contacté le cabinet de la gynécologue consultée par Amandine ; après concertation, son secrétariat a sobrement répondu qu’ « elle ne s’estime pas calée sur le sujet ». Pour Sandrine Bailly, c’est clair. « Il y a encore beaucoup de médecins qui ne sont ni sensibilisés, ni formés. Avec pour conséquence de la détresse psychologique chez les patientes. Il faut aussi savoir qu’il n’y a pas une, mais des endométrioses. » Elle préfère néanmoins positiver. « Il y a encore du chemin à parcourir, mais on est en train de le faire. »