«J’ai beaucoup de pudeur vis-à-vis de mes patientes» Magazine Management 26-07-2019

Anthony Weber, « sage-homme ».
Anthony se destinait à devenir médecin mais… «à l’issue de ma première année de médecine, mon classement me permettait uniquement de suivre les études de sage-femme». La déception est immense. Anthony choisit toutefois de faire un court stage auprès d’une sage-femme avant de se décider. Contre toute attente, il est immédiatement séduit. Après quatre années d’études à Limoges – «Nous étions 5 hommes sur 23 et les quatre autres ont arrêté» – Anthony ouvre son cabinet dans une zone plutôt sous-cotée en sages-femmes, à Dun-le-Palestel, dans la Creuse. L’accueil : normal. «Je n’ai jamais rencontré de réticences auprès de la clientèle, confie-t-il. J’explique les examens, j’ai beaucoup de pudeur vis-à-vis de mes patientes. J’ai des plaids dans mon cabinet dont je me sers pour les couvrir et, surtout, j’ai toujours une parole accompagnante. J’explique absolument tout ce que je fais.»

Le terme maïeuticien, recommandé par l’Académie française en 1980 pour désigner les hommes optant pour la profession obstétricale, ne trouve pas grâce à ses yeux. «C’est une profession qui a déjà tellement peu de considération, alors si on se met en plus à changer le nom juste pour les hommes… Le terme sage-femme désigne la fonction, non la personne !» En 2017, l’ordre des sages-femmes estimait à 758 le nombre d’hommes dans la profession, soit 2,6%. Un pourcentage qui n’est pas amené à évoluer, selon Anthony : «On doit être à 1% aujourd’hui, estime-t-il. La tendance est à la baisse car le système des concours en médecine a changé. Maintenant, il y a des cours en plus et, pour devenir sage-femme, il faut le vouloir !» Alors, pas de regret ? «J’adore mon métier. En tant qu’homme, on ne peut pas vivre ce que vivent les femmes, donc on est toujours dans l’écoute et l’apprentissage, c’est passionnant.» Seul bémol dans ce parcours : les relations avec son père. «Il a très mal vécu mon choix, il voulait des fils médecins. Depuis dix ans, je n’ai plus trop de nouvelles…»

 

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